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Il n’y avoit parmi eux aucune tradition qu’ils descendissent de peres sortis de la mer, parce que ces peres n’avoient sans doute jamais été en état de communiquer à leurs enfans cette connoissance de leur origine. Plusieurs de ces peuples habitoient des isles, dont ils prenoient les bornes étroites pour celles de l’univers entier. D’autres, quoique dans une terre dont ils ne connoissoient pas l’étendue, n’avoient jamais vû d’autres hommes que ceux de leur famille ou de leur troupe, & se croyoient, comme les premiers, les seuls habitans de la terre. En cet état pouvoient-ils imaginer rien de plus vraisemblable, sinon que le premier d’entr’eux étoit né de la terre même où ils étoient ?

Vous sçavez, Monsieur, que les Egyptiens se vantèrent d’être les premiers des hommes, & d’avoir donné des habitans au reste de l’univers[1] ;

  1. Ægyptii putant se primos omnium hominum extitisse. Herodot. Lib. 2. & Diodor. Lib. 1. tradunt Ægyptii, ab orbis initio primos homines apud se creatos.