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nuisible à l’espèce. Il n’est donc pas surprenant que les hommes marins pris dans des régions tempérées ou chaudes ayent si peu vêcu, & ayent marqué par leur tristesse l’altération de leur santé. Les hommes nés & nourris dans les plaines ou dans certains lieux aquatiques, souffrent & meurent bientôt, lorsqu’ils sont obligés de respirer l’air subtil des montagnes ; & ceux qui sont nés sur celles-ci se sentent en quelque sorte étouffés, en respirant l’air grossier des lieux bas & marécageux. C’est par la même raison, que les oiseaux ne s’élevent de la terre que jusqu’à une certaine hauteur.

Il ne faut point douter au reste, que la nature ne choisisse les tems & les lieux propres à la transmigration des races marines à la respiration de l’air. Or c’est sans contredit vers les Poles & dans les pays froids, que les dispositions à ce passage sont plus favorables, parce que dans ces climats l’air toujours humide & chargé de brouillards épais dans la plus grande partie de l’année, n’a rien de fort différent de la froideur & de l’humidité