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longs & garnis. Il passa la nuit avec elle, & approcha fort de ce travail par lequel Hercule n’est pas moins fameux dans la Fable que par ses autres exploits. Il étoit si velu, que les Ours ne le sont guères d’avantage ; le poil dont il étoit tout couvert, avoit près de demi-pied de longueur. Comme cette femme n’avoit jamais rencontré d’homme de cette espèce, la curiosité qui lui faisoit porter les mains de tous côtés sur le corps de celui-ci les lui ayant fait étendre sur ses fesses, elle y trouva une queuë de la grosseur du doigt, & de la longueur d’un demi-pied, qu’elle empoigna, en lui demandant ce que c’étoit. Cette queuë étoit veluë comme le reste du corps. Cet homme répondit d’un ton brusque & chagrin, que c’étoit un morceau de chair qu’il portoit de naissance, par le désir que sa mere avoit eu étant grosse de lui de manger d’une queue de mouton ; & depuis ce moment elle remarqua qu’il ne lui témoigna plus la même amitié. L’odeur de sa sueur étoit si forte & si particulière, elle sentoit tellement le sauvage, que cette femme