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avoient presque tous des queuës, les femmes comme les hommes ; & qu’il leur en passoit plusieurs par les mains qu’on vendoit bien à la côte de Caramanie, où ils étoient employés à couper des bois.

Il n’est point honteux à un Naturaliste d’approfondir des faits qui peuvent l’instruire des secrets de la nature, & le conduire à la connoissance de certaines vérités. Etant à Pise en l’année 1710. je fus informé qu’une Courtisane s’étoit vantée d’avoir connu un Etranger qui y avoit passé trois ans auparavant, & qui étoit de l’espèce de ces hommes à queuë dont je parle. Cela me donna la curiosité de la voir, & de la questionner sur cette avanture. Elle n’avoit pas encore alors plus de dix-huit ans, & étoit fort belle. Elle me conta que revenant de Livourne à Pise en 1707. dans un bâteau de voiture, elle y rencontra trois Officiers François, dont un devint amoureux d’elle. Cet homme étoit grand & bien fait, & pouvoit avoir trente cinq ans. Il étoit fort blanc de visage, ayant la barbe noire & épaisse, les sourcils