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vier Morin, un homme marin, qui premiérement se montra à bas-bord sous le theux ou baril du Contre-Maître, appellé Guillaume l’Aumône. Aussi-tôt celui-ci prit une gaffe pour le tirer à bord ; mais le Capitaine l’en empêcha, de crainte qu’il ne l’entraînât avec lui. Par cette raison il lui en donna seulement un coup sur le dos sans le piquer.

Lorsque le monstre se sentit frapper, il prêta le visage au Contre-Maître, comme un homme en colère qui eût voulu faire un appel. Malgré cela il ne laissa pas de passer dans les lignes en nageant, pour faire le tour du vaisseau. Quand il fut derrière, il prit le gouvernail avec ses deux mains ; ce qui obligea l’Equipage de mettre deux palans, de peur qu’il ne fît quelque dommage. Il repassa ensuite par stribord, nageant toujours comme eût pû faire un homme véritable ; & lorsqu’il fut à l’avant du vaisseau, il s’arrêta à regarder la figure qui étoit celle d’une très-belle femme. Après l’avoir long-tems considérée, il prit la soûbarbe du Beaupré, & s’éleva hors de