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de Fériol, dont je viens de vous parler, on prit proche de Constantinople sur les bords de la mer un petit Chien marin de la hauteur d’environ un pied. Sa mère qui étoit plus haute qu’un veau, grosse & épaisse, l’avoit conduit à terre. Elle vint avec fureur aux mariniers qui avoient saisi son petit ; mais quelques coups de fusil qu’ils lui tirerent, l’obligerent de rentrer dans la mer. Ce petit chien qui fut porté au Palais de l’Ambassadeur, & qui y vécut près de six semaines, n’avoit presque point de voix lorsqu’il fut pris ; mais elle se fortifia & grossit d’un jour à l’autre. Cette espèce étoit par-là différente de celle de certains chiens du Canada qui restent toujours muets ; ce qui prouve invinciblement qu’ils descendent de Chiens marins. Celui dont je parle étoit laid & farouche : il avoit les yeux petits, les oreilles courtes, le museau long & pointu. Un poil ras & dur, d’une couleur brune, lui couvroit le corps. Sa queue se terminoit, comme celle de certains poissons & des Castors, en forme de voile ou de timon, pour lui servir sans doute à diriger sa course dans la mer.