ment si profondément qu’ils ne se réveillent que lorsqu’on en approche. Alors ils se jettent à la mer, & s’élèvent ensuite hors de l’eau pour regarder les personnes qui sont sur le rivage. Il s’en trouve aussi beaucoup sur les côtes de l’Isle Hispaniola : ils entrent dans les fleuves & paissent l’herbe des rivages. On les nourrissoit à Rome d’avoine & de millet, qu’ils mangeoient lentement & comme en suçant.
Vous concevez, Monsieur, que ce que l’art opere dans ces Phocas, la nature peut le faire d’elle-même ; & que dans certaines occasions ces animaux ayant bien vêcu plusieurs jours hors de l’eau, il n’est pas impossible qu’ils s’accoutument à y vivre toujours dans la suite, par l’impossibilité même d’y retourner. C’est ainsi sans doute que tous les animaux terrestres ont passé du séjour des eaux à la respiration de l’air, & ont contracté la faculté de mugir, de hurler, d’aboyer & de se faire entendre qu’ils n’avoient point dans la mer, ou qu’ils n’avoient du moins que fort imparfaitement.
Des chiens ou loups marins.
Du tems de l’ambassade du Marquis