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stances : par exemple, à cause que la mer les aura abandonnés dans des lacs, dont les eaux auront enfin diminué à tel point qu’ils auront été forcés de s’accoutumer à vivre sur la terre ; ou même, indépendamment de cette diminution, par quelques-uns de ces accidens qu’on ne peut regarder comme fort extraordinaires. Car il peut arriver, comme nous sçavons qu’en effet il arrive assez souvent, que les poissons aîlés & volans chassant ou étant chassés dans la mer, emportés du désir de la proie ou de la crainte de la mort, ou bien poussés peut-être à quelques pas du rivage par les vagues qu’excitoit une tempête, soient tombés dans des roseaux ou dans des herbages, d’où ensuite il ne leur fut pas possible de reprendre vers la mer l’effort qui les en avoit tirés, & qu’en cet état ils ayent contracté une plus grande faculté de voler. Alors leurs nageoires n’étant plus baignées des eaux de la mer, se fendirent & se déjetterent par la sécheresse. Tandis qu’ils trouverent dans les roseaux & les herbages dans lesquels ils étoient tombés, quelques ali-