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tion de la mer, & sur lequel il vous est défendu de croire autre chose que ce que vos livres enseignent.

Vous me faites tort, répondis-je à l’Indien, & vous vous faites tort à vous-même, de vouloir me priver de ce qu’il y a sans doute de plus curieux dans votre systême. Je conçois que pour la vérité de votre opinion sur la diminution de la mer & sur l’origine de notre globe, il est assez indifférent quelle ait été celle de l’homme. Mais je suis persuadé aussi, que votre sentiment sur cet article n’est pas moins singulier que tout ce que j’ai entendu de vous jusqu’ici ; & vous m’avouerez que j’aurois lieu de me plaindre de vous, si vous me laissiez ignorer ce que je ne puis apprendre de tout autre. Profitons donc du peu de tems qui nous reste ; vous pouvez parier en liberté sans craindre que je me scandalise. Je sçai déjà à peu près ce que certaines gens avancent contre la création de l’homme par celui qui a tout créé. Les raisons sur lesquelles ils fondent cette opinion sont si frivoles & si absurdes, qu’elles ne peuvent servir qu’à