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vit sur chacune l’observation de la hauteur actuelle de la mer, avec la datte de cette observation, dans les quatre Langues qu’on avoit employées pour les premiers. Les caractères dont on se servit pour cela furent formés de pierres de différentes couleurs insérées dans les autres, afin de rendre cette écriture ineffaçable. De la mer à ce puits on creusa ensuite à travers le terrein de roc qui les séparoit, un canal tortueux & profond. Il sert à y amener les eaux dans le tems des observations : excepté en cette occasion, il reste toûjours bouché à l’extrémité par où il aboutit à la mer.

Pour que les puits fussent entretenus & les observations suivies sans interruption, mon Aïeul fit encore bâtir autour de ce dernier bassin une maison solide & agréable, & y attacha des revenus en terres capables en tout tems de suffire à l’entretien de six Sçavans qu’il y établit pour y veiller. Après cette obligation il ne leur imposa point d’autre soin, que celui d’étudier toute leur vie ce qui se passeroit sur la terre par rapport au changement que la diminution de la mer y apporteroit, &