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Avez-vous quelquefois jetté les yeux sur la Bibliotheque de votre d’Herbelot ? C’est une compilation de tout ce qui se lit dans celle du fils de Callekanne ; & dans divers autres Auteurs Arabes. De combien de monarchies, de guerres, de destructions de villes & de peuples, enfin de combien de vicissitudes ne voyez-vous pas là les dernières traces, dont vous ne trouvez plus même le moindre vestige dans les Auteurs Européens ? Ces vastes Provinces de l’Asie & de l’Arabie qui ont été le théâtre de ces événemens, n’en conservent elles-mêmes que des histoires très-imparfaites & si sommaires, qu’elles laissent plus de faits dans l’obscurité qu’elles n’en rapportent. Ces Provinces sont réduites à un si petit nombre d’habitans, qu’elles sont presque désertes. Ces habitans-mêmes ignorent déjà jusqu’au nom des villes sur les grandes ruines desquelles leurs petites cabanes sont bâties. Y eut-il jamais deux villes plus grandes, plus peuplées & plus fameuses sur la terre, qu’Éphèse & Alexandrie ? Cependant n’y a pas aujourd’hui une seule ca-