Page:Maillet - Telliamed, 1755, tome I.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

portion qu’ils sont élevés davantage au dessus de sa superficie, & que par conséquent il y a plus de tems qu’elle les a abandonnés. Vous y verrez les mêmes enfoncemens que les eaux forment encore aux endroits plus tendres du rocher contre lequel elles battent. Il n’y a point d’homme, quelque prévenu qu’il puisse être contre la diminution de la mer, qui ne lise dans ces lieux sa condamnation.

Le nombre des siècles & la mesure de la diminution des eaux de la mer se connoissent sur ces rochers ; au moins peut-on y distinguer les millennaires d’années par les différentes nuances qui sont marquées du haut en bas de ces montagnes, & sur les coquillages que la mer y a attachés. Avez-vous jamais considéré ce haut rocher qui forme un cap en sortant du port de la Ciouta pour aller à Marseille, cette forme de bec d’Aigle qui en porte aussi le nom, si élevé au-dessus de la surface de la mer, qu’en nul tems les vagues ne peuvent arriver à beaucoup près à la moitié de sa hauteur ? Toute la croûte de ce rocher est un composé