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trefois dans le même état. Les plaines de sable que la mer forme aux embouchûres du Rhône, la plaine du Crau qu’elle a couverte il n’y a pas beaucoup de siècles, deviendront fertiles, comme celles d’Arles & du Languedoc, qui ont été précédemment dans l’état de celles-ci.

Si vous fouillez les sables de vos landes, même dans les lieux les plus éloignés de la mer, que de coquillages & de vestiges des eaux dans lesquelles elles se sont formées n’y rencontrerez-vous point. Si dans ces plaines vous considérez l’extrémité par laquelle elles touchent à la mer, ne la verrez-vous pas se prolonger vers elle d’un jour à l’autre, & se former en la même manière, & d’un terrein totalement pareil à celui des endroits qui en sont déjà fort éloignés. Il y a cette seule différence, que ceux-ci ont déjà acquis quelque fertilité par la douceur des pluies dont ils sont lavés depuis quelques siècles, par quelques poussières qui se sont mêlées à ces sables, & par la pourriture de quelques herbes, des genêts, des fougères, &