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que les côtes de Hollande & celles de Flandre qui y sont contiguës, reçoivent chaque jour des altérations & des augmentations pernicieuses à l’entrée des bâtimens. Ostende qui dans les guerres de la République avec les Espagnols fut un port si grand & si bon, n’est plus rien aujourd’hui. Vous direz sans doute que les Hollandois ont cherché à le combler ; mais les autres ports de la côte ont-ils moins souffert ? Combien n’en a-t-il pas coûté pour entretenir le port de Dunkerque en état de servir ? S. Omer éloigné aujourd’hui considérablement des bords de la mer, y étoit assis il n’y a pas beaucoup d’années.

Qui peut douter que dans la suite il n’en soit de même de Venise ? Bientôt cette Ville se trouvera en Terre-ferme ; celle-ci s’en approche chaque jour par la prolongation de ses terreins. Déjà diverses Isles se sont formées dans le bassin qui renferme cette belle Ville ; & malgré le soin qu’on prend de l’approfondir, le limon qui s’y amasse avancera l’éloignement de la mer qui se retire d’un jour à l’autre.