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voit de Port à la Ville de Rouen, & où l’on voit encore les tours que la mer a ruinées par ses vagues, est déjà éloigné de ses bords ? Le Havre qui lui a succédé, & qu’on a bâti il y a peu de tems sur le sable & la vase qu’elle avoit amassés entre Harfleur & elle, ne tiendra pas long-tems sa place. Il faudra que l’art travaille de nouveau pour former plus loin un abri aux bâtimens destinés à apporter des pays éloignés les choses nécessaires au maintien de l’abondance & des commodités des habitans de Rouen & de Paris.

Tel est le fort de tous les endroits maritimes. La Marseille de nos jours n’est déjà plus située au même endroit où étoit placée celle des Romains. Son Port n’est aujourd’hui ni celui de ce tems-là, ni même à la suite de l’ancien ; c’est un ouvrage de l’art creusé à côté de celui-là, & une restitution qui a été faite à la mer d’un lieu qu’elle avoit déjà abandonné. Ce nouveau Port que l’art a formé depuis peu d’un marais, sera encore abandonné pour toujours & comblé par la retraite des eaux de la mer, comme le premier l’a