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champignons de plusieurs espèces très-parfaites, qui molles au commencement se pétrifient dans la suite ; que toutes les mers produisent une infinité d’herbes différentes, même bonnes à manger ; pourquoi ne croirions-nous pas que la semence de ces choses a donné lieu à celles que nous voyons sur la terre, & dont nous faisons notre nourriture ? Lorsque par le reflux la mer a baissé sur les côtes d’Irlande, les habitans vont arracher des rochers une herbe frisée très-bonne à manger semblable à la chicorée. Ils la salent, & la mettent dans des barils. Les Plongeurs du Chily en vont cueillir aussi dans le fonds de la mer à trois ou quatre brasses, & la nomment du Goimon, qu’ils aiment fort. Notre chicorée frisée est provenue vraisemblablement de cette plante marine. C’est ainsi, comme j’en suis persuadé, que la terre se revêtit d’abord d’herbes & de plantes que la mer enfermoit dans ses eaux ; c’est en cette sorte que les terreins que les flots abandonnent, arrosés de l’eau des pluies & des rivières nous offrent tous les jours des arbres & des plantes nouvelles.