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dans leur superficie. Une partie de leur poussière & de leurs débris emportée par les pluies & par les vents des lieux les plus élevés jusqu’aux inférieurs, s’y amassa ; une autre fut entraînée par les ruisseaux dans le sein de la mer, une autre s’arrêta à leurs embouchures. Là les herbes, les racines & les arbres que la mer nourrissoit dans ses eaux saumâtres rencontrant un limon plus doux, reçurent une nouvelle substance qui leur fit perdre leur amertume & leur âcreté. Ainsi de marines que ces plantes avoient été jusques-là, elles se terrestriserent, s’il m’est permis de parler de la sorte.

Vos Naturalistes prétendant, je le sçai, que le passage des productions de la mer en celles de la terre n’est pas possible, non plus que le changement de certaines substances en d’autres, leur essence étant incommuable. J’aurai lieu dans la suite d’examiner cette question. Du reste s’il est vrai, comme on n’en peut douter, qu’il se trouve dans la mer diverses sortes d’arbres, qu’il croît dans la mer Rouge des