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dont la mer est semée ; & ces Isles avec ces Continens ne feront qu’un tout, lorsque les eaux de la mer seront totalement épuisées.

Qu’il ait régné des vents sur la mer ou qu’il n’y en ait point eu avant que nos premiers terreins ayent commencé à se montrer, il est fort indifférent de le sçavoir. Mais il y avoit certainement des courans dans la mer, puisque c’est par leur secours que nos montagnes se sont élevées, & que se sont creusés les abîmes dont la matière a servi sans doute à leur composition.

Aussi-tôt qu’il y eut des terreins, il y eut certainement des vents & des pluies qui tomberent sur les premiers rochers. Il se fit alors une veine d’eau, qui reporta ces pluies à la mer d’où elles avoient été tirées. Cette veine se grossit & se prolongea à mesure que le terrain s’étendit. La veine d’eau forma le ruisseau, plusieurs ruisseaux formerent une rivière, & des rivières se formerent les grands fleuves. Les rayons du Soleil, le chaud, le froid, les vents & les pluies agissant sur le sommet des rochers, les moulurent