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Comment, Monsieur, m’écriai-je en cet endroit, comment au milieu des plaines éloignées de tous les Continens que le vaste Océan tient aujourd’hui ensevelies sous ses flots, où il n’y aura ni rivières ni terres, pourroit-il se faire qu’il y eût un jour des habitans ; qu’on y bâtit des villes, & qu’on y ouvrît le sein des montagnes pour en tirer les matériaux propres à leur construction ? Quand même il seroit possible, comme vous voulez le persuader, que les eaux immenses dont ces lieux sont à présent couverts vinssent à s’épuiser totalement, comment ces terreins saumâtres d’une substance de sable ou de vase, sans aucun secours d’eau douce, pourroient-ils devenir fertiles, habitables & habités ?

Comment nos terreins ont commencé à se découvrir.

Oui, Monsieur, répliqua notre Voyageur ; ce fait est très-possible : il arrivera même, comme je vous le prédis ; & ces plaines aujourd’hui sous-aquatiques ne seront pas un jour moins fertiles, du moins en plusieurs endroits, que les pays les plus cultivés de votre Europe. Faites attention,