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prodigieuses, Dieu les anéantit ensuite ; ce qui est absurde. Car pourquoi donner tant d’affaires à la Divinité ? pourquoi l’obliger à un si grand appareil pour exterminer une race maudite ? Ne pouvoit-elle pas l’anéantir de son souffle ou d’un seul mot ? D’ailleurs ce fait est contredit par vos propres livres. Ne donnent-ils pas à entendre que ces eaux furent l’effet d’une simple pluie, d’une pluie qui ne dura que quarante jours[1], & qui par conséquent ne put égaler celles qui tous les ans tombent pendant quatre à cinq mois en Abyssinie & dans quelques autres pays du monde ? N’ajoutent-ils pas que ces eaux ne se retirerent que peu à peu[2] ; ce qui ne marque qu’un effet successif des causes naturelles, & non un prodige subit de la toute-puissance de Dieu ?

  1. Et cataracta cœli aperta sunt ; & facta est pluvia super terram quadraginta diebus & quadraginta noctibus. Genes. cap. 7. v. 11. 12.
  2. Reversæque sunt aquæ de terrâ, euntes & redeuntes, & cœperunt minui. Gen. cap. 8. v. 3.