Page:Maillet - Telliamed, 1755, tome I.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ajoûterai-je à ce silence général des Nations sur un fait si important & si sensible, qu’il n’est pas possible de concevoir d’où en quarante jours seroit venu ce volume d’eau prodigieux, capable de faire hausser la mer du point où elle est aujourd’hui jusqu’à quarante coudées au-dessus des plus hautes montagnes du monde : que l’on ne comprend pas de même où ces eaux immenses se seroient retirées en si peu de tems, puisque je défie de prouver qu’un volume d’eau capable de surmonter nos montagnes les plus élevées ait pu trouver place dans le centre de la terre, & que même le contraire est aisé à démontrer : qu’enfin il est également inconcevable, que dans l’espace de quelques mois ces eaux immenses ayent pu se dissiper, tandis que pour en faire perdre trois ou quatre pieds il faut aujourd’hui des milliers d’années, comme je l’établirai dans la suite. De-là n’est-il pas naturel de conclure, que pour soutenir cette opinion de l’universalité du déluge il faut avoir recours au miracle, & dire qu’après avoir tiré du néant ces eaux