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se présentoit de faire une bonne œuvre. J’invitai Telliamed à remettre le reste de son discours au lendemain ; & je volai chez le Moribond, que je trouvai prêt à rendre le dernier soupir. Je ne vous dirai point tout ce que je vis en ce lieu ; ce qui m’y frappa le plus, fut un bassin placé proche du malade, & rempli d’une certaine liqueur épaisse & verdâtre dont on l’arrosoit par intervalles. Je la pris d’abord pour quelque composition propre à fortifier ou à soulager ; mais ayant demandé ce que c’étoit, j’appris avec la dernière surprise que c’étoit de l’eau-bénite dans laquelle on avoit détrempé de la bouze de vache. Vous sçavez, Monsieur, le respect insensé que les Indiens idolâtres conservent pour cet animal[1] ; mais je

  1. Une des plus grandes marques de ce respect superstitieux, est que ces Indiens ne conçoivent point de plus grand bonheur que celui de tenir en mourant la queuë d’une vache. Comme ces Peuples croyent la Métempsycose, ils s’imaginent que dans cette attitude leur ame passe en droiture dans le