Page:Maillet - Telliamed, 1755, tome I.djvu/162

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

long séjour, que ces pierres détachées des carrières supérieures avoient fait dans la mer, dans une vase pesante où elles étoient restées ensevelies. Il ne douta point que le changement de couleur de la vase ne provint de la teinture, que les terres plus élevées entraînées à la mer par les eaux des pluies, lui avoient communiquée. En effet, lorsque la terre des lieux supérieurs à ces carrières étoit blanche, brune ou noirâtre, la vase qui servoit à lier ces pierres ensemble conservoit parfaitement la même couleur ; & elle étoit rouge, jaune ou verdâtre, lorsque les terres plus élevées l’étoient de même. C’est par cette raison, que le rouge du marbre de Saravesse est si beau, parce que sur les montagnes des environs il se rencontre une terre d’un rouge si vif, que les canaux par où les eaux des pluies coulent de ces montagnes à la mer semblent teints de sang. C’est ce que peuvent remarquer ceux qui passent en Felouque de Gènes à Porto-Venere. Aussi ne faut-il point douter, qu’aux endroits où ces pluies se rendent à la