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tenir son opinion, & qui n’aboutissent jamais qu’à des indispositions mutuelles. L’experience ne prouve que trop ce que peut un zèle outré, & en particulier de combien de divisions & de malheurs les disputes qui s’élevent sur ce sujet sont ordinairement suivies. Ce qu’il y a de singulier, & ce qui marque en même-tems combien la passion a plus de part que la science dans ces animosités, c’est que quand dans le sein d’une même Religion il s’éleve deux partis opposés, ils tiennent une conduite toute différente de ce que l’on voit arriver dans les sociétés civiles. Ici lorsque les esprits sont divisés, ils manquent rarement de se réunir contre l’ennemi commun ; en matière de Religion au contraire, on perd plutôt de vue l’ennemi commun, que d’abandonner son adversaire. L’Indien idolâtre est moins odieux au Chrétien zèlé, que son frere errant qui sacrifie avec lui sur les mêmes autels ; & le Catholique aveuglé ne court pas à la ruine du Mahométan infidèle, comme à celle du Protestant qui fait de même