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(chemise), le haïk (draperie de dessus), le caftan (manteau), le turban, les bas de cuir brodés sont d’un usage général chez les hommes. Parfois une robe ouverte descend des épaules jusqu’aux pieds de la femme ; parfois les modes si curieuses des musulmanes de Grenade sont portées par les chrétiennes. Sur les chausses de laine ou de soie, les dames de la Rede jettent un bliau descendant au-dessus du genou et retenu autour de la taille par une riche ceinture. Une toque couvre leur tête, mais, quand elles sortent, une mante est ramenée sur le visage et les enveloppe de ses larges plis. En Navarre, en Castille, des coiffes immenses imitées du sarmat oriental s’échafaudent au-dessus de la tête. Détail curieux, les concubines de curé, dont la situation sociale est fixée par des lois, portent un costume sévère dans sa coupe, sombre de couleur, en partie caché sous des voiles blancs et noirs, et un chapeau de feutre à larges bords. Comme bijoux, elles ont une croix pectorale, un immense rosaire, et se croiraient déshonorées si, d’une main, elles ne tenaient un livre d’heures volumineux et ne conduisaient de l’autre un enfant rose et joufflu.

Alors que la parfaite convenance des formes signalait les vêtements, il eût été bien étrange que le harnais de guerre, si souvent porté par les chevaliers et par le Roi lui-même, ne fût pas conçu avec un égal souci de sa destination.

Au temps d’Isabelle, l’armure tire surtout sa beauté de formes adéquates à son emploi. Ne devant plus servir à ces tournois et à ces joutes dont les Rois s’efforçaient de détourner la chevalerie en vue de plus nobles travaux, il était inutile de lui conserver une force proportionnée avec les coups formidables et de lui donner un poids enharmonie avec la masse brutale d’un coursier bardé de fer. Désormais, sa supériorité devait résider dans la souplesse et la légèreté qui permettaient au chevalier de rester armé tout le jour sans une trop grande fatigue et de se mouvoir avec promptitude, soit dans un engagement corps à corps, soit dans une poursuite rapide. Le casque préservait bien la tête, quoique les armuriers cherchassent à le rendre aussi léger que possible. Ce fut le temps de ces salades élégantes, de coupe allongée sur le côté» munies d’un couvre-nuque damasquiné et fermées par plusieurs pièces dites face de l’armet. La cuirasse était très caractéristique. En vue de donner plus de souplesse et plus d’aisance au cavalier, elle était, dans sa hauteur totale, formée de deux pièces séparées, se recouvrant au joint et réunies par des courroies de cuir La partie supérieure était désignée sous le nom de plastron et la partie inférieure ou panse s’allongeait en pointe au-devant de l’abdomen. D’autres cuirasses,