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« Heureux ceux qui tombent sur le champ de bataille devant l’ennemi, disait-elle à son mari. En mourant, ils servent une cause sacrée. »

Nous voudrions, dans cette brève notice, avoir rendu hommage à une œuvre et à une vie qui honorent grandement notre pays. Nous n’avons plus à redouter aujourd’hui les jugements malveillants sur la France. Mais, si quelques esprits clairvoyants, parmi les étrangers, avaient voulu juger plus tôt de ce qu’était la bourgeoisie française, laborieuse et lettrée, ils auraient pu aisément découvrir ce fonds solide de notre race en pénétrant dans l’intimité de certains ménages — et ils ne sont pas rares — où la femme française s’honore d’être la collaboratrice intellectuelle de son mari. Ceux qui ont connu M. et Mme Berthelot, M. et Mme Léopold Delisle, savent les effets de l’affection conjugale ainsi comprise : Mme Dieulafoy y avait ajouté l’éclat d’une œuvre et d’une renommée personnelles et son mari y contribua plus que tout autre par le soin touchant avec lequel il s’appliqua toujours à mettre en lumière les qualités de sa femme. Mais elle-même aurait revendiqué, avant tout, le mérite d’avoir bien compris et d’avoir profondément aimé le compagnon d’armes dont elle fut, pendant quarante-six ans, l’inséparable camarade.

Edmond POTTIER.