Page:Magre – Conseils à un jeune homme pauvre qui vient faire de la littérature à Paris, 1908.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.

philanthrope prêteur d’argent n’aurait peut-être pas dîné ce soir-là, ainsi que sa femme et ses enfants, sans l’argent de ta fiche. Et il ne t’a trompé en somme qu’à demi. Il a des renseignements sur toi ; il sait désormais que tu es un jeune homme honorable. Celui qui vous offre à dîner n’est-il pas toujours honorable ?

Il y a aussi dans les petites annonces, de beaux mariages et des maîtresses désintéressées. Tu pourras te dire, qu’en effet, une foule d’admirables jeunes filles sans relations, d’étrangères aux yeux langoureux, de femmes désireuses de nouveauté mettent des annonces dans le journal.

Cette distraction est inoffensive. Elle ne coûte qu’une boîte de papier à lettre élégant, des timbres, des démarches à la poste restante. Tu iras dans des kiosques d’omnibus, tenant à la main soit un bouquet de fleurs, soit un numéro du journal, comme signe de reconnaissance. Il t’arrivera d’y trouver une femme ayant passé la cinquantaine qui te fera fuir aussitôt. Il t’arrivera de te tromper, d’aller parler à des dames qui attendent simplement l’omnibus et d’être fort mal accueilli. Il t’arrivera d’être en butte à la moquerie de plusieurs jeunes gens, auteurs des lettres que tu auras reçues et qui seront venus guetter ta déconvenue.

Peut-être un jour, sur l’offre d’une dot de plusieurs millions, iras-tu dans une agence matrimoniale.