et demanda, s’efforçant de lire dans les yeux bleus la réponse redoutée.
— As-tu réfléchi, Violette ?
— Tu sais bien que oui, père. Mais, pas seulement cette nuit, depuis des années.
— Ce qui veut dire ?
— Que j’épouserai Roland, mon ami d’enfance, ainsi que cela est convenu depuis toujours.
— C’est de la folie !
— Toi même tu nous fiançais quand nous avions douze ans.
— Peuh ! riposta le banquier, des fiançailles pour rire ! des fiançailles de bébés !
— Oui, mais les bébés les ont prises au sérieux, et comme ils sont devenus une grande demoiselle et un monsieur à moustaches, ils te demandent de les marier.
— Vous vous figurez que vous vous aimez. La vie n’est pas un jeu.
— Il y a un mois, tu ne traitais pas ainsi nos projets et tu nous avais promis de rendre nos fiançailles officielles dès que j’aurais atteint ma majorité. J’ai vingt-et-un ans aujourd’hui… et tu ne m’as même pas souhaité ma fête !
— Pardonne-moi, ma petite Violette. Mais ton caprice me cause tant de souci !
— Mon caprice était le tien, le mois dernier.
— Certain événement ne s’était pas produit…
Le banquier soupira. La main de la jeune fille lui ferma la bouche.
— N’en parlons plus. Je ne veux pas.
— C’est facile à dire.
— Sois gentil ! Je réclame mon cadeau de fête. Marie-moi !
— Avec Roland Missandier.
— Avec Roland.
— Ainsi, tu ne veux pas entendre parler de… l’autre.
— C’est stupide ! On ne demande pas la main d’une jeune fille quand elle est presque fiancée.