Page:Magog - L'homme qui devint gorille, publié dans l'Écho d'Alger du 18 nov au 27 déc 1925.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Corse pouvait tout sauver. Il n’était point trop tard pour obtenir qu’il renonçât de lui-même à ces fiançailles mensongères.

Il semblait à la naïve Violette qu’il lui suffirait de dire à cet homme : « Je ne puis vous aimer, » pour qu’il ait pitié d’elle. Elle espéra qu’il se retirerait sans solliciter les explications qu’eût exigées M. Sarmange.

Raffermie, elle dit à sa mère :

— Je veux parler à M. Borsetti. Quand il arrivera, envoie-le dans le petit salon.

C’était là qu’avait eu lieu son dernier entretien avec Roland ; dans ce souvenir, elle puiserait le courage de parler.

À l’heure convenue, le Corse fit son entrée, l’allure pimpante et victorieuse ; il portait le traditionnel bouquet et un écrin gonflait la poche intérieure de son habit.

Son regard vif remarqua l’absence de Violette et ses sourcils se froncèrent imperceptiblement, tandis qu’il s’inclinait devant Mme Sarmange.

Mlle Violette n’est pas souffrante, j’espère demanda-t-il, d’un ton un peu contraint.

Un sourire de la mère le rassura.

— Vous la trouverez dans le petit salon, prête à accueillir votre bouquet. Il paraît qu’elle a un secret à vous dire.

L’excellente dame n’était pas femme à s’inquiéter d’un peu de mystère.

Moins confiant, Borsetti se dirigea vers le boudoir. Il devinait que cette confidence ne pouvait avoir trait qu’au projet de fiançailles.

En effet, prévenant son geste d’offrande et sans paraître voir le bouquet, Violette l’accueillit par ces mots :

— Ma mère, monsieur, m’a fait part de vos intentions et je n’ignore pas qu’elles ont l’assentiment de mon père.