Page:Magin-Marrens - Histoire de France abrégée, 1860.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur influence, et firent place à un meilleur système de procédure, emprunté à la législation romaine. Les tribunaux, institués plus régulièrement qu’ils ne l’avaient été jusque-là, substituèrent peu a peu l’ordre et la justice à l’anarchie féodale.

168. Influence des légistes. — C’est dans les communes, dont il favorisa l’essor et qu’il rattacha au domaine royal, c’est dans la bourgeoisie, qui commençait à naître, que saint Louis chercha son principal appui contre la féodalité. Non-seulement il appelait à son conseil des représentants de la bourgeoisie des villes ; mais sous prétexte d’assister les hauts barons, qui n’entendaient rien aux formes nouvelles de procédure tirées du droit romain, et qui savaient même à peine lire et écrire, il introduisit dans les cours de justice de pauvres habitants des villes, qui avaient étudié dans les universités et qui étaient devenus habiles en jurisprudence. Ces hommes de loi ou légistes, vêtus de longues robes noires, prirent place d’abord sur un petit banc au-dessous de chacun des barons ; et, lorsqu’il s’agissait de prononcer, le baron se penchait vers l’homme de robe, qui lui soufflait à l’oreille quelle réponse il fallait faire d’après le droit romain. Peu-à-peu les grands seigneurs s’ennuyèrent de venir assister à de longues procédures qu’ils ne comprenaient pas. Il leur sembla que les hommes de robe pouvaient bien répondre tout haut pour eux ; ils ne vinrent plus que rarement aux assemblées, et les hommes de robe les remplacèrent définitivement. Ainsi commença la puissance de ces législes qui ont joué un si grand rôle sous les règnes suivants ; telle fut l’origine de la magistrature en France.

169. Corporations des arts et métiers ; Sainte-Chapelle, etc. — Commerce, industrie, police, lettres et arts, saint Louis a tout amélioré, quoiqu’il n’ait pas exécuté tous ses projets. Il organisa les artisans et les marchands en corporations et régla leurs privilèges ; il leur donna des officiers, des juges el des tribunaux particuliers. Il fit construire à Paris la Sainte-Chapelle, pour y déposer les reliques apportées de la Terre Sainte, et de nombreux hospices, entre autres l’hôpital des Quinze-Vingts, fondé, dit-on, pour quinze-vingts ou trois cents gentilshommes, à qui les Sarrasins avaient crevé les yeux pendant la croisade. Il établit dans la Sainte-Chapelle une bibliothèque composée des livres de l’Écriture sainte, de quelques-uns des saints Pères et de plusieurs autres ouvrages. On lui doit aussi la fondation de la Sorbonne.

170. philippe-le-hardi. — les vêpres siciliennes.