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d’Anjou, qui depuis quatre ans régnait sur les Deux-Siciles, le décida à faire voile pour l’Afrique, en le flattant de l’espoir de convertir le roi de Tunis au christianisme. À peine avait-on débarqué, qu’une maladie pestilentielle, causée par les chaleurs et le manque d’eau, décima l’armée chrétienne. Attaqué lui-même de la peste, le saint roi se fit étendre sur un lit de cendres, où il mourut après avoir langui vingt-deux jours.

164. Fin des Croisades — Résultats généraux.— La croisade de Tunis fut la dernière de ces expéditions lointaines, qui, malgré la chute successive des royaumes chrétiens fondés en Orient, eurent d’impartants résultats pour l’Europe. Elles avaient uni la chrétienté, accru la puissance spirituelle du Saint-Siège, resserré les liens de la hiérarchie, et fait rentrer sous la suprématie de Rome les patriarchats de Jérusalem et d’Antioche. Elles contribuèrent, surtout en France, à l’extension du pouvoir et à l’agrandissement du domaine royal par la ruine ou la mort d’un grand nombre de seigneurs ; elles favorisèrent aussi les progrès des communes et de la bourgeoisie. La noblesse féodale trouva une sorte de compensation à la perte de son influence dans certaines marques et distinctions honorifiques : les noms de famille prirent naissance ; les armoiries furent inventées comme signes de ralliement pour les vasssaux de chaque seigneur ; on en mit sur les étendards, sur les écus, sur les cuirasses ; on s’en para dans les tournois, joutes guerrières, dont les croisades rendirent la mode générale. Les guerres saintes développèrent la marine et le commerce, révélèrent à l’industrie des procédés nouveaux (linge de lin, moulins a vent), importèrent en Occident des cultures nouvelles (mûrier, blé de Turquie, etc.), et enrichirent de précieuses découvertes les sciences mathématiques et géographiques. Les lettres mêmes et les arts gagnèrent quelque chose au contact des magnificences de l’Orient. Enfin, c’est à la double influence des croisades et du développement de la chevalerie que la femme doit le rôle insportant qu’elle joua dès lors dans la société.

165. Jugement sur saint Louis. — Saint Louis mourait avant d’avoir pu accomplir toute sa tâche. « Il paraissait, dit


    sables au milieu du XIVe siècle, que les vaisseaux ne peuvent plus y aborder depuis.