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160. batailles de taillebourg et de saintes. paix d’abbeville. — Saint Louis songea d’abord à régler ses rapports avec l’Angleterre, cette rivale redoutable de la France. Une nouvelle révolte des seigneurs avait éclaté, et le roi Henri III était venu lui-même à leur secours. Saint Louis marcha contre les étrangers et les vainquit à Taillebourg et à Saintes (1242). Une trêve de cinq ans fut suivie plus tard d’une paix définitive, que le roi de France appelait de tous ses vœux. Car sa conscience n’était pas tranquille au sujet des réunions de provinces opérées par Philippe-Auguste. Le traité d’Abbeville conclu en 1259 régla les droits respectifs des deux puissances. Henri III renonça à toute prétention sur la Normandie, le Maine, la Touraine, le Poitou, et prêta hommage au roi de Franee comme duc d’Aquitaine. Saint Louis, de son côté, lui abandonna la Saintonge et l’Aunis, conquises par ses prédécesseurs. Les habitants de ces provinces, attachés de cœur à la France, ne se soumirent que malgré eux à ce changement de domination. Leur mécontentement survécut même à saint Louis : pendant un certain temps, après que l’Eglise eut admis ce roi au nombre des saints, ils refusèrent de célébrer sa fête.

161. croisade d’égypte, 1248. — L’ardente piété de saint Louis lui fit entreprendre deux croisades. « Comme il était fort malade, raconte son historien Joinville, et qu’une des femmes qui le soignaient, le croyant mort, l’avait déjà couvert d’un linceul, le Seigneur opéra en lui, et il recouvra la parole. » Ce fut pour promettre que, s’il échappait à la maladie, il entreprendrait une croisade en Terre Sainte. « La bonne dame sa mère, ajoute Joinville, fut bien joyeuse de l’entendre parler ; mais quand elle le vit croisé, elle eût aimé autant le voir mort. » Dès que saint Louis fut rétabli, il partit malgré les avis et les prières de ceux qui l’entouraient, laissant la régence à sa mère. La Palestine appartenait alors au sultan d’Égypte ; saint Louis pensa que le plus sûr moyen d’affranchir les Lieux saints était d’attaquer les Infidèles au siège même de leur puissance ; il se dirigea donc vers