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sayé de ramener ces hérétiques, les excommunia, et fit prêcher contre eux une croisade. La guerre ne fut qu’une longue suite de massacres. Les Albigeois donnèrent eux-mêmes le signal des cruautés en assassinant le légat du pape, Pierre de Castelnau ; on ne fit en quelque sorte qu’user de représailles à leur égard. Pour seconder les armes des croisés, le pape institua en 1206 à Toulouse un tribunal chargé de rechercher et de punir les hérétiques, et qui devint permanent : ce fut l’origine de l’inquisition. Le comte de Toulouse, vaincu malgré l’appui du roi d’Aragon son beau-frère, fut dépouillé de ses États, et le pape les donna au comte Simon de Montfort, qui commandait l’armée des croisés. Raymond et son fils en appelèrent de nouveau aux armes. Le comte de Montfort fut tué au siège de Toulouse, et son fils Amaury, ne pouvant se soutenir contre ses adversaires, demanda du secours à Philippe-Auguste. Le roi permit à son fils de conduire dans le midi quelques aventuriers, qui firent la guerre sans résultats importants. La croisade devait se prolonger au delà du règne de Philippe, qui mourut en 1293.

153. Accroissement du domaine royal. — Progrès de la royauté. — Par son habilité, son courage, et surtout par ses heureuses guerres contre le roi d’Angleterre, Philippe-Auguste avait beaucoup agrandi le domaine royal. Le roi ne possédait directement, à l’époque de Louis-le-Gros, que l’Ile-de-France et l’Orléanais. Philippe y avait ajouté le Vermandois, l’Artois, une partie de la Picardie, le Berry, la Normandie, le Maine, l’Anjou, la Touraine, le Poitou et l’Auvergne. Il avait su en même temps étendre l’autorité royale aux dépens de la féodalité. Il commença par déclarer que le roi ne pouvait ni ne devait faire hommage à personne ; puis, s’entourant très-fréquemment des Pairs du royaume, il fit de cette assemblée un utile instrument de ses desseins. Enfin, des officiers payés par lui et dévoués aux Intérêts de la royauté furent chargés de l’administratton dans les provinces ; ce furent les prévôts et les baillis.

154. Réformes et améliorations. — Philippe-Auguste continua la construction de l’église cathédrale da Notre-Dame à Paris, commencée par les soins de Maurice de Sully,