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mouvement de la révolution communale, dont l’origine peut être fixée à l’année 1071. On désigne par ce nom de révolution communale l’affranchissement des villes, qui obtinrent, soit par la force, soit par une concession gracieuse des seigneurs dont elles relevaient, la jouissance de certaines libertés municipales et d’une sorte d’indépendance civile et politique. C’était pour un grand nombre d’entre elles le rétablissement des anciens privilèges dont elles avaient joui sous la domination romaine ; pour d’autres le régime de la liberté était chose toute nouvelle. Plusieurs historiens ont écrit que Louis-le-Gros avait suscité ce mouvement. La Charte de 1814 disait même dans son préambule que « les communes ont dû leur affranchissement à Louis-le-Gros. » Cette assertion n’est pas exacte. Les premières communes qui ont été affranchies ont fait leur révolution elles-mêmes, à leurs risques et périls, sans aucun secours, et en dehors même du domaine royal, alors fort borné. Le roi, et ce rôle fait encore l’éloge de sa prudence, se contenta d’abord de seconder ce mouvement de révolte contre la féodalité et de rechercher l’alliance des communes ; puis, comme suzerain supérieur, quoique peu obéi, il accorda volontiers, pour de l’argent, des chartes d’affranchissement. Mais, il faut bien le remarquer, cette concession n’avait lieu généralement que lorsque déjà la révolte avait réussi.

137. Ce qu’était la commune et comment elle se constituait. — Les habitants des villes qui voulaient se constituer en commune se réunissaient un jour dans la grande église ou sur la place du marché, et là, sur la croix, sur la Bible, sur les reliques des saints, ils faisaient serment de se soutenir les uns les autres, de ne point permettre qu’il fût fait à l’un d’eux quelque tort. C’était ce serment qui donnait naissance à la commune : tous ceui qui s’étaient liés de cette façon prenaient le nom de jurés ou membres de la commune ; ils instituaient des magistrats chargés de discuter et de défendre les intérêts de tous, et qu’on appelait consuls ou maires dans le midi, jurés ou échevins dans le nord. Ces magistrats se réunissaient dans la maison commune, maison de ville ou hôtel de ville ; c’est là qu’ils tenaient conseil et délibéraient. La commune avait aussi une cloche et une bannière ; au son de l’une, on se réunissait en armes pour marcher contre le seigneur ; on suivait l’autre comme un signe de ralliement au milieu des combats. Ainsi se formait la milice qui devait conquérir pour une ville les pri-