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des lettres de Siméon, patriarche de Jérusalem, qui implorait des secours : « Va, lui dit Urbain, prêche la guerre sainte en Italie, en Allemagne, en France ; parle en mon nom, prépare les voies à ma parole ; elle se fera entendre quand l’heure sera venue. » Le pape en effet vint lui-même prêcher la croisade dans un concile tenu à Clermont, en Auvergne (1095). Deux cents évêques, quatre mille clercs, et trente mille laïques s’étaient assemblés à ce concile ; toute cette foule s’émut au tableau des souffrances qu’enduraient les chrétiens d’Orient, et, pénétrée d’un saint zèle pour la défense des lieux où s’étaient accomplis les mystères de la Rédemption, elle s’enrôla au cri mille fois répété de « Dieu le veut ! » pour aller combattre les Infidèles. Des croix de drap rouge furent distribuées à chaque guerrier, qui fit serment de partir : de là le nom de croisés et celui de croisades.

130. départ des croisés. — prise de jérusalem. — Les pays voisins, animés du même enthousiasme, voulurent prendre part à la guerre sainte. Le départ avait été fixé au 15 août de l’année suivante ; mais le peuple et les pauvres n’attendirent pas cette époque. Ils se mirent en route sous la conduite de Pierre l’Ermite et d’un certain Gauthier-sans-Avoir, qui allait chercher fortune en Terre Sainte. Leurs bandes indisciplinées, n’ayant aucunes connaissances géographiques, demandant a chaque ville par où elles passaient si ce n’était pas là Jérusalem, ravageant et pillant tout sur leur route pour suppléer au manque de vivres, furent massacrées dans les pays qu’elles traversaient, et surtout en Hongrie. Très-peu de ces malheureux arrivèrent jusqu’en Terre Sainte. Les nobles ne partirent qu’en 1096. Les principaux chefs de la croisade étaient Godefroy de Bouillon, duc de la Basse-Lorraine, le duc de Normandie, le comte de Flandre, le comte de Toulouse, etc. On a porté le nombre des croisés à 600, 000. Parvenus à Constantinople, ils passèrent le Bosphore[1]

  1. On nomme ainsi le détroit sur lequel est bâtie Constantinople.