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cès plus encore que par l’âge, il associa à la royauté et fit couronner son fils Louis, qu’on surnommait alors l’Éveillé à cause de son activité, et qui fut appelé depuis Louis-le-Gros. « Prends garde surtout, lui dit Philippe, prends garde, mon fils, à cette tour de Montlhèry, qui m’a fait tant vieillir. » Là en effet vivait un riche seigneur qui, comme tous ceux des environs de Paris et d’Orléans, inquiétait le roi et le tenait comme prisonnier dans son étroit domaine. Ce fut donc contre les barons de l’Ile-de-France et de l’Orléanais que le jeune Louis fit ses premières armes. Il réduisit successivement les principaux d’entre eux, notamment les sires de Montmorency et de Montlhéry, et en réprimant leurs brigandages il assura la libre communication entre les diverses parties du domaine royal.

128. les croisades. — Le règne de Philippe est pourtant l’une des époques les plus brillantes de notre histoire. Les expéditions et les succès de la chevalerie française portèrent la gloire du nom français non-seulement dans les contrées voisines, mais jusque sur les bords lointains. Nous avons raconté plus haut la conquête des Deux-Siciles et de l’Angleterre ; il nous reste à parler de ce grand mouvement des croisades qui, commencées en 1095, se terminèrent en 1270, après avoir pendant deux siècles poussé les populations de l’Europe vers l’Orient et les lieux saints.

129. pierre l’ermite. — Depuis la mort de Jésus-Christ, de nombreux pèlerins allaient visiter le saint Sépulcre à Jérusalem. Quand les infidèles se furent emparés de la Palestine, leur fureur sacrilège n’épargna point les saints Lieux, et les Chrétiens apprirent avec indignation que le tombeau du Sauveur, était chaque jour profané. En entendant les récits de ces profanations, les cœurs, des fidèles s’enflammèrent du désir d’aller châtier les ennemie de la foi. Un moine des environs d’Amiens ; Pierre l’Ermite, qui avait visité la Terre-Sainte, excita surtout un enthousiasme général par sa vive et simple éloquence. Il avait apporté au pape Urbain II