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léans, où il mourut. Son arrière-petite-fille, dernier rejeton du sang carlovingien, devait épouser en 1180, le roi Philippe-Auguste.

114. le roi robert. — l’an mil. — Robert succéda à son père Hugues-Capet, qui l’avait fait sacrer de son vivant. On était aux approches de l’an mil, et c’était alors une croyance universelle que tout devait finir avec cette année fatale. On disait qu’on avait vu le soleil défaillir en Allemagne, et que le diable se montrait à chaque instant ; une peste désolait l’Aquitaine ; la famine dépeuplait la Grèce, l’Italie, la France, l’Angleterre ; les loups pénétraient dans les villes ; les riches se hâtaient d’affranchir leurs esclaves et d’entrer dans un cloître, pour mériter le pardon de leurs fautes ; chacun écoutait s’il n’entendait pas la trompette de l’archange annonçant la résurrection, et songeait à se mettre en règle avec le Seigneur, qui allait venir juger les vivants et les morts. L’an mil s’écoula, sans autre fait digne de remarque qu’un fertilité extraordinaire ; on s’étonna beaucoup de vivre encore ; de tous côtés, les anciennes églises furent réparées et embellies, de nouvelles furent ouvertes au culte. On eût dit que chacun dépouillait le vieil homme et que le monde allait commencer une vie nouvelle.

115. piété et bonté de robert. — Élève du savant Gerbert, qui devint pape sous le nom de Sylvestre II, le bon roi Robert, comme l’appellle les chroniques du temps, était un prince d’une piété rare et d’une bonté sans égale. Il priait Dieu fréquemment et continuellement ; souvent il se rendait à l’église de Saint-Denis, dans ses habits royaux et avec sa couronne, pour diriger le chœur à matines, à vêpres et à la messe, et chantait avec les moines : il composait même des hymnes et des proses. Son annaliste raconte qu’un jour qu’il assiégea un château près de Saint-Denis, il quitta le combat pour aller à l’abbaye faire ses dévotions accoutumées, et que pendant qu’il chantait l’Agnus Dei, ses troupes s’emparèrent du château. Il nourrissait tous les jours trois cents pauvres dans les huit villes principales de ses do-