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89. Anarchie et invasions. — De nombreux symptôme d’affaiblissement et de décadence marquent la période qui va suivre. On dirait que, par un étrange concours de circonstances, la famille de Charlemagne devient plus incapable de gouverner à mesure que les États soumis à sa puissance s’amoindrissent et se fractionnent. À la faveur des discordes civiles, les seigneurs étendent leur autorité et leur juridiction, empiètent sur le domaine et sur les droits de la royauté. Les comtes, délégués par le roi pour le gouvernement des provinces, affectent l’indépendance et prétendent à l’hérédité de leurs charges. Enfin les évêques deviennent des souverains presque absolus au temporel comme au spirituel. Au milieu de cette anarchie, les barbares infestent les frontières des trois royaumes carloviogiens. Mais le royaume de France est le plus malheureux. À l’O., les Bretons insoumis luttent pour leur indépendance ; au S.-O. les Aquitains révoltés en faveur de Pépin II, repoussent la clause du traité de Verdun, qui assigne leur pays à Charles-le-Chauve ; sur toutes les côtes, les Northmans reparaissent plus audacieux que jamais et font des invasions presque périodiques.

90. Ravages des Northmans. — Partant du Danemark ou du sud de la Suède et de la Norvège, ces pirates arrivaient avec leurs barques légères aux embouchures des grands fleuves, s’établissaient sans peine dans quelque île ou sur quelque rivage qui leur était abandonné, tous les habitants fuyant à leur approche. C’était là leur entrepôt et leur lieu de réunion ; de là ils remontaient le fleuve dans une rapide incursion jusqu’à une grande ville, qu’ils livraient au pillage, et ils s’avançaient ensuite peu à peu dans les terres, portant partout le fer et la flamme. Ils avaient trois stations principales : celle de la Seine, celle de la Loire et celle de la Garonne.

Dès le commencent du règne de Charles-le-Chauve, les Northmans de la Seine, établis à l’île d’Oisel, pénétrèrent à Rouen et s’avancèrent même jusqu’à Paris, où ils profanèrent quelques églises et les dépouillèrent de leurs ornements d’or et d’argent. Non seulement Charles-le-Chauve ne sut pas repousser leurs attaques ; mais il eut la faiblesse d’acheter leur départ à prix d’argent : c’était les engager à revenir, ils revinrent en effet, et s’établirent à Saint-Denis.

les Northmans de la Loire occupaient l’île de Noirmoutier. Favorisés par un ennemi du duc de Bretagne, ils péné-