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bonté trop facile envers les comtes et les barons de son royaume, il leur avait distribué tout avec profusion, terres et biens ; rien ne lui restait, dit son biographe, à peine sa bénédiction. Dès qu’il eut succédé à son père, les liens de l’autorité commencèrent à se relâcher. Les peuples soumis se soulevèrent ; les Saxons et les Aquitains obtinrent de notables concessions ; enfin un nouveau pape fut élu sans que l’empereur eût été même consulté, comme cela avait été réglé par Charlemagne et avait toujours eu lieu sous son règne. Dès ce moment aussi, l’on put prévoir que le démembrement du vaste empire fondé par Charlemagne était inévitable.

78. Causes de décadence. — La première cause de cette dissolution imminente, c’était le désir qu’avaient les peuples de se séparer en nations distinctes. Une seconde causa fut la faiblesse de l’empereur pour ses enfants ; Louis, que ses contemporains ont surnommé le Pieux et que l’histoire appelle le Débonnaire, excita lui-même l’ambition et les révoltes de ses fils par les partages qu’il fit entre eux a plusieurs reprises. Comme troisième et dernière caus nous pouvons indiquer les invasion des Northmans, des Sarrasins et des Hongrois, qui assaillirent presque périodiquement l’empire, surtout dans la seconde moitié du IXe siècle.

79. premier partage. révolte de bernard. — Louis-le-Débonnaire fit en 817 un premier partage de l’empire entre ses fils. Il s’associa son fils aîné Lothaire, qui prit le titre et exerça l’autorité d’empereur conjointement avec son père. Pépin, le second, fut roi d’Aquitaine ; Louis, le troisième. roi de Germanie ; Bernard fut confirmé dans la possession de l’Italie que Charlemagne lui avait donnée. Ces trois princes devaient reconnaître la suprématie de Lothaire comme celle de Louis-le-Débonnaire. Bernard protesta les armes à la main contre ces dispositions. Fils d’un frère ainé de Louis, il voulait bien obéir à son oncle ; mais il se considérait comme l’héritier légitime de l’empire après lui, et à ses yeux c’était renoncer à cette expectative de la couronne impériale que de reconnaître la suprématie de son cousin Lothaire. Louis marcha contre lui, et le dé-