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l’Espagne en un brillant jardin, tout retentissant de concerts et de poésie ; au N. les Anglo-Saxons, établis dans le pays qui a pris, d’eux le nom d’Angleterre, qui travaillaient au fond des cloîtres, étudiaient et recopiaient les manuscrits latins et grecs, ou envoyaient dans la France et dans la Germanie de hardis et dévoués missionnaires pour y prêcher l’Évangile. On pourrait ajouter que l’Italie avait aussi de célèbres écoles, où des maîtres fort savants pour l’époque enseignaient le droit et les belles-lettres. Charlemagne ne dédaigna pas ces secours étrangers. Il commença par s’instruire lui-même Pierre, fameux professeur à Pise, vint lui apprendre la grammaire, c’est-à-dire les éléments de la rhétorique et de la philosophie ; l’anglo-saxon Alcuin lui enseigna l’astronomie et les autres sciences. Mais il s’occupa sur tout, avec une prédilection marquée, de la musique et de la théologie.

73. École palatine. Académie. — Charlemagne voulut que les personnes de sa cour et de sa famille ne demeurassent pas étrangères à ces études dont il donnait lui-même, l’exemple. Une école fut ouverte dans le palais même de l’empereur, et dirigée par Alcuin. Dans ceux de ses ouvrages qui nous sont restés, ce savant nous a conservé quelques-unes de ses leçons. C’était le plus ordinairement des entretiens familiers par demandes et par réponses sur des sujets divers. Outre l’école palatine, Charlemagne créa une académie dont tous les membres durent, à son exemple, prendre, des noms particuliers empruntés aux livres saints ou à l’antiquité païenne ; il avait pris lui-même celui de David.

74. Écoles publiques. — Pour propager l’instruction dans toutes les classes de la nation, Il fit ouvrir aussi dans chaque grande ville, et à côté des paroisses, des écoles qu’il surveilla lui-même. On aime à rappeler (car nulle part peut-être il ne paraît plus grand) la scène rapportée par celui qui a, écrit son histoire : « Étant allé un jour visiter ses écoles, le redoutable empereur se fit désigner par le maître les meilleurs élèves et ceux dont on n’était pas satisfait. Il se trouva que ceux-ci étaient tous fils des grands et des riches de l’empire, tandis que les fils des pauvres étaient au premier rang. Faisant donc passer à sa droite les fils des pauvres, il leur promit les richesses et les dignités : « Pour vous, dit-il aux fils des riches, passez à ma gauche, et sachez que vous n’aurez de moi, si vous ne vous corrigez, ni abbayes, ni riches domaines. » Les efforts de Charlemagne ne furent