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brassèrent la même cause ; l’Angleterre, la Russie, la Hollande, la Sardaigne prirent parti pour Marie-Thérèse. Cette guerre, qui remua toute l’Europe, fut pour la France l’occasion de beaux faits d’armes et de glorieuses victoires. Dès fa première année, pendant que le roi de Prusse Frédéric II s’emparait de la Silésie, le maréchal de Saxe, qui commandait l’armée française, emportait d’assaut la ville de Prague, capitale de la Bohème. C’est à ce siège qu’eut lieu le dialogue suivant entre un grenadier du régiment de Beauce et son lieutenant-colonel Chevert : « Vois-tu cette sentinelle ? — Oui, mou colonel. — Elle va te dite : Qui va là ? Ne réponds rien, mais avance — Oui, mon colonel. — Elle tirera sur toi et te manquera. — Oui, mon colonel. — Va l’égorger, je suis là pour te défendre. » Le grenadier s’avance, est manqué par la sentinelle et la tue ; Chevert le suit avec son régiment, et la ville est prise. L’électeur de Bavière se fit couronner roi de Bohême à Prague, et deux ans après il reçut la couronne impériale à Francfort. Marie-Thérèse semblait perdue ; elle ne désespéra pas de sa cause. En cédant la Silésie à Frédéric II, elle le décida à poser les armes ; les généraux français Belle-Isle et Chevert, restés dans Pragne, furent alors contraints de battre en retraite. Une armée anglaise descendit sur le continent, et rejeta les Fiançais sur la rive gauche du Rhin. Le Bavarois sans appui et sans troupes, réduit à mendier une pension de la France pour ne pas mourir de faim, ne survécut que peu de temps aux revers dont la fortune l’accablait, et l’archiduc François de Lorraine, époux de Marie-Thérèse, fut proclamé empereur (1745). Le maréchal de Saxe reprit l’avantage dans les campagnes suivantes. Il gagna dans les Pays-Bas la mémorable bataille de Fontenoy (1745), à laquelle assista Louis XV. Le maréchal, épuisé par une maladie de langueur et presque mourant, n’avait pas voulu résigner le commandement ; il se faisait porter dans une litière, quand ses forces ne lui permettaient plus de rester à cheval. Ce fut le duc