Page:Magin-Marrens - Histoire de France abrégée, 1860.djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

après avoir vainement colporté dans toute l’Europe le projet d’une réforme financière ; il gagna la confiance, du Régent et lui fit adopter ses idées. Le système de Law consistait à substituer aux espèces monnayées un papier auquel la loi attribuerait la valeur de l’or et de l’argent. Ilfut autorisé à fonder une banque, qui joignit ensuite à ses opérations le commerce de la Louisiane et du Mississipi, celui da Canada et celui des Indes. L’affaire eut d’abord un grand succès : chacun voulut avoir des actions de la banque de Law ; mais bientôt le papier mis en circulation dépassa tellement la somme de tout le numéraire qui se trouvait alors en France, que les actions perdirent toute leur valeur, et que le système aboutit à une effroyable banqueroute.

L’établissement de la banque de Law eut lieu au mois de mai 1710. En août 1717 fat instituée la Compagnie des Indes-Occidentales, qui obtint le privilège exeiusif du commerce de la Louisiane et du Mississipi, l’exploitation de quelques branches du commerce du Canada, celle des mers du Sud depuis le cap de Bonnes Espérance, le bénéfice d’une refonte générale des monnaies et la ferme des tabacs. Pour suffire a frais de ces vastes entreprises ; on créa successivement trois séries d’actions qui furent promptement enlevées. Les souscriptions se délivraient à l’hôtel de Nevers, rue Richelieu, à Paris. Dès tes premiers jours, la foule fut telle, qu’il y eut bon nombre d’estropiés. Ceux qui ne pouvaient parvenir a l’hôtel de Nevers allaient rue Quincampois, où les actions se revendaient au-dessus de leur valeur. Cette rue qu’on appela alors le’’Mississipi, fut bientôt encombrée comme la rue Richelieu. Les actions, vendues 500 livres au mois d’août 1719. en valaient 10, 000 em octobre, 15, 000 en novembre, et il était impossible de prévoir le terme de cette hausse. Une joie folle commençait à s’emparer de tout les esprits ; la rue Quincampois offrait le plus bizarre spectacle : toutes les maisons, même les caves et les greniers, étaient loués à des prix exorbitants et transformés en bureau pour les marchands d’actions. Un savetier fit fortune à fournir dans son échoppe un tabouret, de l’encre et du papier aux spéculateurs ; un petit bossu et un soldat aux larges épaules louaient leur dos en guise de pupitre. Toute la journée, des personnes de toutes les classes de la société, des provin-