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Pendant an ministère de vingt-deux ans, cet homme infatigable sut porter l’ordre et la régularité dans toutes les branches de l’administration. Il commença par la réforme des finances, qui, sous le ministère de Mazarin, étaient tombées dans l’état le plus déplorable. Quoique la France fût écrasée d’impôts, 30 millions seulement, c’est-à-dire le tiers des taxes publiques qui s’élevaient à 90 millions, entraient dans les coffres de l’État. Colbert fit si bien, qu’à l’époque de sa mort (1683), les frais de perception n’absorbaient plus que 20 millions, et cependant les impôts avaient été notablement accrus : la France payait 116 millions, et le trésor en recevait 96. Le contrôleur général s’était attaché à suffire aux besoins de l’État avec les contributions ordinaires, et à cet effet il avait établi de nouvelles aides ou impôts indirects, en cherchant toutefois à ménager le peuple autant qu’il le pouvait par la diminution de la taille ou impôt personnel. Après lui, on se jeta dans la voie des emprunts, et les désordres financiers recommencèrent.

367. Industrie ; commerce ; manufactures ; agriculture. — Colonies ; marine ; arsenaux. — Législation. — Pour compenser l’accroissement des impôts et pour fournir au peuple les moyens de s’enrichir, Colbert donna un grand développement à l’Industrie ; il releva les manufactures, tombées depuis Sully ; il créa des chambres et un conseil de commerce, pour perfectionner la législation ancienne et pour pronager les procédés nouveaux ; il envoya des ouvriers français dans tous les pays étrangers où l’industrie était en progrès, afin qu’ils en rapportassent les secrets ; il attira en France, par des primes et des privilèges, les ouvriers étrangers renommés pour leur habileté. Au bout de quelques années, les soieries de Tours et de Lyon, les draperies de Sedan, de Louviers et d’Abbeville, n’avaient pas de rivales en Europe. La fameuse manufacture des Gobelins rivalisait avec la peinture pour le fini de ses tapisseries ; les glaces de Saint-Gobain et de Tournaville l’emportaient sur celles de Venise ; les bas s’y fabriquaient mieux qu’en Angleterre, les dentelles mieux que dans le Brabant. Partout des débouchés furent ouverts à l’industrie ; dans tous les traités, on inséra des clauses favorables au commerce français ; enfin on ouvrit une communication entre la Méditerranée et l’Océan par le fameux canal du Languedoc. On a accusé Colbert d’avoir sacrifié l’agriculture a l’industrie ; il encouragea au contraire la noblesse à cultiver ses terres ; il défendit d’en-