Page:Magin-Marrens - Histoire de France abrégée, 1860.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

corps de six mille Suisses. À leur approche, la populace, qui venait de recevoir le duc en triomphe, dépava les rues et fit des barricades pour arrêter la cavalerie (9 mai 1588). La ville était en feu ; Guise, devenu l’idole de la multitude, qui l’appelait le nouveau Gédéon, le nouveau Macchabée, disposait en maitre de Paris. Un pas de plus, et la couronne était à lui ; mais il n’osa pas faire tonsurer et enfermer dans un couvent le dernier descendant des Valois et prendre sa place. Dès ce moment, la partie fut perdue pour les Guises. En vain, le Balafré voulut s’appuyer sur le Parlement ; le premier président, Achille de Harlai, refusa d’obéir à ses ordres : « C’est grand’-pitié, lui dit-il, quand le valet chasse le maître ; au reste, mon âme est à Dieu, mon cœur est au roi, et mon corps aux méchants. »

311. états de blois ; assassinat des guises. — Henri III s’était enfui à Chartres. Loin de son rival, il songea à se défendre ; mais il ne retrouva d’énergie que pour ordonner un assassinat. Ce lâche projet fut exécuté aux États-Généraux, qui eurent lieu pour la seconde fois à Blois. « Le jeudi 23 décembre 1588, le duc de Guise, se mettant à table pour dîner, trouva sous sa serviette un billet dans lequel était écrit : Donnez-vous de garde ; on est sur le point de vous jouer un mauvais tour. L’ayant lu. il écrivit au bas : On n’oserait, et il le rejeta sous la table. Voilà, dit-il, le neuvième d’aujourd’hui. Malgré ces avertissements, il persista à se rendre au conseil, et comme il traversait la chambre où se tenaient les quarante-cinq gentilshommes ordinaires, il fut égorgé[1]. » Le lendemain, le cardinal de Lorraine, son frère, eut le même sort.

312. fureurs des seize ; soulèvement de paris et des provinces. — mort du roi. — Henri III se crut délivré. Il courut en porter la nouvelle à sa mère, qui

  1. Nous avons emprunté ces détails à un historien moderne.