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mises à feu et à sang, et des milliers de personnes, vieillards, femmes et enfants, furent égorgés ou brûlés, le pays devint un désert. Ces atrocités inspirèrent des remords au roi, quoiqu’il ne les eût pas ordonnées, et, avant de mourir, il prescrivit que l’on en recherchât les auteurs et qu’on les punît.

275. Gouvernement et administration. — Le gouvernement de François Ier fut celui d’un roi absolu. Il est le premier qui ait employé dans ses édits cette formule : Tel est notre bon plaisir. Les impôts ordinaires furent constamment réglés par sa seule volonté. Une seule fois il consulta les Notables[1] : ce fut à l’occasion de la rançon de ses fils. Il n’accorda, du reste, aucune autorité aui États-Généraux, qu’il n’assembla pas. Quant au Parlement de Paris, qui s’était avisé de ne pas vouloir enregistrer quelques-unes de ses ordonnances, il lui défendit « de s’entremettre en quelque chose que ce fût de l’État ni d’autre chose que de la justice. » D’ailleurs, aidé par le chancelier Poyet, il opéra d’utiles réformes dans la justice et l’administration. Il renouvela l’ancienne insitiution des Gtands-Jours : on appelait ainsi des commissions de magistrats, qui parcouraient les provinces à certaines époques de l’année, pour y rendre la justice au nom du roi ; les nobles surtout tremblaient devant la sévérité de ces tribunaux. Parmi les nombreuses ordonnances du régne de François Ier, on cite celle de Villers-Cotterets (août 1530), dont les différentes dispositions abrégèrent les procès, substituèrent dans les actes l’usage de la langue française à celui d’un latin barbare, et donnèrent aux accusés les garanties qui leur manquaient. Le même acte établissait dans les paroisses des registres où les sépultures et les baptêmes furent désormais exactement inscrits. Toutes ces réformes nous offrent l’imposant spectacle d’une nation qui s’organise peu à peu, non sans de pénibles efforts, et se façonne à une administration régulière.

276. La Renaissance. — C’est surtout comme protecteur des lettres, des sciences et des arts, que François Ier a bien mérité de la France et de l’Europe entière. Son nom et celui du pape Léon X sont inséparables du nom de la Renaissance, par lequel on désigne la première moitié du XVIe siècle, et quelquefois même le siècle tout entier, c’est-à dire l’époque où l’on vit renaître en quelque sorte les chefs-

  1. On ainsi l’assemblée des députés, de la noblesse, du clergé et du Tiers-État, choisis par le roi, au lieu d’être élus par chacun des trois ordres, comme aux États-Généraux.