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269. Équilibre européen. — Nouveau système d’alliances. — Le traité de Cambrai marque selon quelques historiens la fin des guerres d’Italie, que d’autres prolongent même jusqu’à la paix de Cateau-Lambrésis (v. no 285). La lutte entre les maisons de France et d’Autriche est transportée en effet hors de l’Italie, à partir de cette époque ; mais la question qui s’agite depuis 1520 n’est plus celle de la possession de l’Italie septentrionale ou méridionale ; c’est une question de prépondérance dans l’Europe. Aussi avons nous cru devoir placer en 1516 la fin des guerres d’Italie. Dans les guerres qui vont suivre, et qui auront pour principal théâtre les Pays-Bas et le nord de la France, on verra se dessiner d’une manière plus nette le caractère de cette rivalité, qui eut pour objet le maintien de l’équilibre européen. On désigne ainsi un système d’organisation des puissances européennes, tel qu’aucune d’elles ne devienne jamais assez redoutable pour menacer l’indépendance des autres États. C’est la le point fondamental sur lequel roule toute la politique des temps modernes. À la France revient l’honneur d’avoir la première posé et soutenu ce principe contre la maison d’Autriche. La défense de ce grand intérêt lui fit adopter un nouveau système d’alliances, contraire à son ancienne politique ; ses rois ne cherchèrent plus exclusivement leur appui dans les États dont les souverains leur étaient unis par la communauté des croyances ou par des liens de famille ; ils consultèrent avant tout les nécessités du moment, les besoins de la lutte qu’ils soutenaient, les avantages qu’ils pouvaient tirer de leurs alliés. C’est ainsi que François Ier, sans être arrêté par son titre de roi très-chrétien, fit cause commune avec les Turcs et les protestants d’Allemagne, parce que les Turcs et les protestants étaient les ennemis de son rival Charles-Quint.

270. La Réforme et les protestants. — Le protestantisme était apparu en Europe à l’occasion du besoin d’une réforme dans la discipline ecclésiastique, réforme reconnue nécessaire par des conciles mêmes ; mais au lieu de demander le redressement des abus, oh avait attaqué le dogme et la foi même. En 1520, le moine allemand Luther s’était séparé publiquement de l’église de Rome, et l’Allemagne du nord, en grande partie, avait embrassé sa cause. L’empereur ayant voulu étouffer ces premiers germes de division, les disciples de Luther avaient protesté contre toutes ses mesures, au nom de la liberté de conscience : de la cette appellation de protestants qui leur resta. L’Allemagne eut désormais dans son sein, à côté de la maison d’Autriche et de ses sujets,