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cha sans cesse à alléger les Impôts. En montant sur le trône, il n’accepta pas le droit de joyeux avènement, qu’avait payé le peuple à ses prédécesseurs. Son économie était appelée avarice par les prodigues, et le théâtre, alors dans l’enfance, s’en moqua souvent ; mais il répondait avec bonhomie : « J’aime mieux voir les courtisans rire de mon avarice, que le peuple gémir de mes dépenses. » Aussi, sa mémoire devint-elle populaire, et plus tard, quand la France fut accablée de nouveau impôts, le cri du peuple était : « Qu’on nous ramène seulement au temps du bon roi Louis XII ! » Le succès ne manqua pas à ses nobles efforts. L’ordre régna dans tout le royaume ; la sûreté des grandes routes et le respect des propriétés furent mieux établis que jamais ; la population augmenta, et avec elle le commerce et l’industrie. « On ne bâtit plus maison sur rue, dit un contemporain, qui n’eût boutique pour marchandise ou pour art mécanique. Pour un gros marchand qu’on trouvait à Paris, à Rouen, à Lyon, du temps de Louis XI, on en trouva cinquante sous Louis XII, et ils faisaient moins de difficulté d’aller a Rome, à Naples, à Londres, et ailleurs au delà de la mer, qu’ils n’en faisaient autrefois d’aller à Lyon et à Gênes. » Louis ne négligea pas les lettres, et prépara par ses soins intelligents la renaissance intellectuelle qui devait illustrer le règne suivant.

259. bataille de marignan. — Les hostilités n’étaient que suspendues. François I er, successeur de Louis XII les reprit avec vigueur, au moment où ses ennemis croyaient la France abattue et hors d’état de rien entreprendre. Il songea d’abord à reconquérir le Milanais. Léon X, le roi d’Espagne, l’Empereur, le duc de Milan, Florence, où régnaient les Médicis, et les Suisses s’étaient unis pour le combattre. Les Suisses étaient échelonnés sur les Alpes pour garder tous les passages. Tout à coup ils apprirent que l’armée française avait débouché par le col de l’Argentière, défilé que l’on croyait infranchissable, et qu’elle était déjà près de Marignan (Melegnano). Ils s’avancèrent à sa rencontre au nombre de trente-six mille et livrèrent bataille. L’action dura deux jours. À la fin de la première journée, les Suisses étaient parvenus à séparer les divers corps de l’armée française ; mais ceux-ci se rallièrent pendant la nuit, et le combat recommença au point du jour.