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221. siège d’orléans, 1428. — Les Anglais étaient partout vainqueurs, à Crevant sur l’Yonne, à Verneuil près d’Evreux, et leurs succès avaient presque réduit Charles VII au territoire de Bourges : aussi l’appelaient-ils par dérision le roi de Bourges. La seule place qui le défendit encore contre une invasion, Orléans, était assiégée. Si Charles laissait succomber cette ville, Bourges était pris infailliblement, et le roi de France n’avait plus d’asile dans son royaume. Dunois, Xaintrailles, La Hire s’étaient enfermés dans Orléans ; mais déjà les vivres leur manquaient ; déjà l’on parlait de se rendre, quand une jeune fille de dix-huit ans vint sauver la France.

222. seconde période de succes. — jeanne d’arc, 1429-1431. — Née à Domremy, petit village sur la frontière de la Lorraine et de la Champagne, dans l’ancien bailliage de Vaucouleurs, Jeanne d’Arc, fille d’un simple cultivateur, avait grandi au milieu des combats que se livraient sans cesse, dans ce malheureux pays, Anglais, Bourguignons et Armagnacs. Souvent elle avait vu ses frères revenir tout sanglants de quelque engagement contre un parti anglais, ou les habitants du village voisin fuir devant le pillage et l’incendie ; et elle avait puisé dans ce spectacle une ardente pitié pour le royaume de France. « Le cœur me saigne, disait-elle, quand je vois le sang d’un Français. » Simple de mœurs et d’un caractère fort doux, mais douée d’une imagination vive, elle avait une foi sincère qui s’alliait fort bien avec son amour pour la patrie et sa haine pour l’étranger. Dès l’âge de dix-sept ans, elle avait eu plus d’une fois des visions célestes. C’étaient, selon son témoignage, sainte Catherine, sainte Marguerite et saint Michel, qui lui étaient apparus et lui ordonnaient d’aller délivrer Orléans assiégé, et de faire sacrer le dauphin Charles VII à Reims. Malgré l’opposition de ses parents et la difficulté de l’entreprise, elle se présenta devant le sire de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs, et elle obtint d’être envoyée vers le roi, qui tenait alors sa cour à Chinon. Elle annonça à Charles et lui prouva qu’elle était envoyée de Dieu pour le sau-