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éprouva rendit sa folie incurable. C’est, dit-on, pour charmer ses ennuis que furent inventées les cartes à jouer.

216. guerre civile ; bourguignons et armagnacs. — Les maux du royaume furent aggravés par la sanglante rivalité qui divisa le duc d’Orléans et le nouveau duc de Bourgogne Jean-sans-Peur, fils et successeur de Philippe-le-Hardi. Cette rivalité commença une longue période de guerres civiles, marquée par les crimes les plus odieux. En 1407, Jean-sans-Peur fit traîtreusement assassiner son rival pendant la nuit, lorsqu’il sortait de l’hôtel Saint-Paul où il avait passé la soirée. La France se partagea aussitôt en deux camps, les Bourguignons et les Armagnacs : le parti de Jean-sans-Peur fut celui des bourgeois de Paris et de l’Université ; Charles d’Orléans et ses deux frères, fils du duc assassiné, eurent pour eux Isabeau de Bavière, la cour et le comte d’Armagnac, chef de toute la petite noblesse du sud de la France, dont le jeune Charles épousa la fille[1]. Les Bourguignons dominèrent d’abord dans Paris, où ils organisèrent la milice des Cabochiens ou Écorcheurs, sous la conduite du bourreau Capeluche. Mais en 1413, les Armagnacs, profitant de l’horreur qu’inspiraient les crimes de ces misérables, s’emparèrent de la capitale et firent un massacre général des Bourguignons. Les deux partis semblaient rivaliser de férocité.

217. bataille d’azincourt, 1415. — La nécessité de défendre la France contre les étrangers suspendit pour quelque temps ces atroces représailles. En 1415, le roi d’Angleterre Henri V envahit la France à la tête d’une puissante armée, et s’avança jusqu’au petit village d’Azincourt, situé sur la route de Hesdin à Saint-Omer. Là se livra une bataille aussi funeste que l’avaient été celles de Crécy et de Poitiers. Les mêmes fautes amenèrent une défaite non moins sanglante ; huit mille gentils-hommes perdirent la vie à la journée d’Azincourt ; le

  1. C’est à cause de cette alliance avec la maison d’Armagnac que les partisans du duc d’Orléan sont désignés sous le nom d’Armagnac.