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altérées par ses prédécesseurs, création d’une marine militaire et d’une marine marchande pour favoriser les progrès du commerce extérieur, encouragements à l’agriculture et à l’industrie, il porta sur toutes les branches du gouvernement son attention et ses réformes. Sa loi sur la régence et la tutelle des rois, dont il fixa la majorité à 14 ans, est surtout célèbre. La défiance qu’il avait conçue contre les États-Généraux lui fit repousser systématiquement l’intervention de ces assemblées dans les affaires du pays : il évita avec soin de les convoquer, et leur substitua les lits de justice, ou séances solennelles du Parlement présidées par le roi.

208. Lettres et Arts. — Les lettres et les arts furent aussi encouragés par Charles V. L’hôtel Saint-Paul, qu’il fit construire prés de la Seine, sur l’emplacement actuelle la rue Saint-Antoine à Paris, était sa résidence ordinaire ; il le préférait au Louvre, qui était enfermé dans l’enceinte de Paris depuis Philippe-Auguste, mais qui était plutôt une forteresse qu’un palais. Une foule d’églises et de palais furent élevés ou embellis : on construisit la Bastille, les châteaux de Melun, de Beauté près Vincennes, et de Saint-Germain. Charles est surtout considéré comme le fondateur de la Bibliothèque ; car il réunit jusqu’à 900 volumes dans la tour du Louvre appelée la Tour de la librairie ; il n’y en avait qu’une vingtaine sous le roi Jean. Les savants et les hommes de lettres l’approchaient facilement ; il admit à sa cour le fameux astrologue Thomas de Pisan, dont la fille Christine a écrit l’histoire de Charles V. C’est à cette époque aussi que vécut le chroniqueur Froissart.

209. Grand schisme d’Occident, 1378. — Les dernières années de Charles V furent marquées au dehors par un événement qui eut de graves conséquences pour la France. Les six papes, tous français, qui avaient résidé à Avignon depuis 1309, placés sous l’influence du roi de France, avaient servi ses intérêts dans toutes les questions politiques, où ils pouvaient utilement intervenir. Le dernier d’entre eux étant retourné à Rome et y étant mort en 1378, sa succession fut partagée entre deux compétiteurs, un pape italien élu à Rome et un pape français élu à Avignon ; cette double élection donna naissance au grand schisme d’Occident, à cette nouvelle captivité de Babylone, qui dura 70 ans (1378-1449). La France, en se déclarant pour le pape français que rejetait la plus grande partie de la chrétienté, se plaça dans une fausse situation, qui fut souvent pour elle une source de graves embarras.